Ma pratique

Plus autodidacte que technicienne, je recherche dans la photographie le pouvoir expressif du corps, la mise en lumière d’une rencontre, la saisie d’un instant.

Mon affection pour les formes, l’organique et le vivant me permet d’articuler mon travail autour de deux axes antagonistes mais complémentaires. Ils sont le miroir d’une existence banalisée dans un environnement qui ne s’intéresse qu’au sensationnel d’un côté et un univers imaginaire, mythique et fantasmé de l’autre. J’aime ainsi autant capturer des instants du quotidien, sublimés par leur révélation par le biais de la photographie argentique, que déformer la réalité numériquement pour en créer une nouvelle : fantastique, étrange, onirique, sacrée. Le temps s’écoule dans les poses longues de la série des Intervalles alors qu’il se fige sur des silhouettes qui se dévoilent dans la buée présente sur l’objectif des Vapeurs.

L’intime y est à fleur de peau, les secondes se suspendent et les corps, comme principaux véhicules de l’existence, se dénudent, sans censure et dans tous leurs états. Les petits moments de la vie insufflent à cette dernière toute sa beauté, aussi je m’autorise à les capturer en dépassant les images habituelles que nous livrent une société malade et qui prône une corporalité codifiée et diffusée au moyen de stéréotypes inatteignables.

Le corps devient territoire à explorer : au creux de ses défaillances, dans lesquelles je retrouve la perfection de chacune de ses traces et de chacun de ses plis, se livre un conte à écouter avec les yeux.

La photographie devient cet outil idéal pour révéler ces instants anodins, créer un espace réservé à la mémoire de nos êtres et, parfois, transcender le réel quand ce dernier ne suffit plus à nous contenter.

Photographie d'un robinet et d'un bout de baignoire avec un corps dedans